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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/381

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Cher Evandre, dit-il, que ce bruit, cette flamme
D’une vaine frayeur n’altère point votre âme ;
J’entends, je reconnais ce grand signal des cieux :
C’est à moi, c’est à moi que s’adressent les dieux.
Vénus, si les Latins me déclarent la guerre,
Et j’en crois son amour, doit au bruit du tonnerre
Descendre, et m’apporter les armes que Vulcain
Pour défendre son fils fabriqua de sa main.
Malheureux Laurentins, quel péril vous menace.
Combien votre Turnus paiera cher son audace.
Et toi, fleuve toscan, ah ! combien dans tes flots
Tu vas rouler de sang, d’armes et de héros !
Allez, fiers ennemis, déclarez-moi la guerre ;
Vos têtes répondront des malheurs de la terre ».
  A ces mots, prononcés d’un accent solennel,
Il se lève, d’Hercule il approche l’autel,
S’incline avec respect, sous la cendre réveille
Les restes assoupis des flammes de la veille,
Présente son hommage à ces humbles loyers,
Immole cinq brebis aux dieux hospitaliers.
Evandre y joint ses dons ; et, marchant vers le temple,
La jeunesse troyenne imite leur exemple.