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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/387

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Si vous aimez Pallas, si vous devez un jour
Le rendre à mes regrets, le rendre à mon amour,
Si ce n’est pas en vain que ce cœur vous implore,
Si je vis pour le voir, pour l’embrasser encore,
Ah ! prolongez mes jours ; il n’est point de tourment
Qui ne cède aux douceurs de cet embrassement.
Mais, si du coup fatal vous menacez sa vie,
O dieux ! qu’avant ce temps la mienne soit ravie,
Avant qu’un deuil affreux vienne en troubler la fin,
Tandis que... ô mon cher fils, seul bienfait du Destin,
Dernières voluptés des derniers jours d’Evandre,
Je puis encor te voir, je puis encor t’entendre,
Te serrer dans mes bras, te presser sur mon sein.
Quand l’obscur avenir est encore incertain,
Attendrai-je, en tremblant, qu’un avis funéraire
Vienne du coup fatal assassiner ton père ?
Ah ! qu’Evandre plutôt, sans connaître ton sort,
Meure d’un coup de foudre, et non pas de ta mort ! »
Ainsi parlait Evandre ; ainsi, baigne de larmes,
D’un dernier entretien il prolongeait les charmes ;
Mais enfin ses adieux expirent dans les pleurs,
Il succombe, on l’emporte accablé de douleurs.