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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/39

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Quel est ce malheureux, quelle est cette ombre chère,
Pour qui Pluton demande un tribut funéraire ?
Quand leurs tristes regards, ô coup inattendu !
Reconnaissent Misène à leurs pieds étendu,
Miséne dont l’airain, cher au dieu de la Thrace,
Echauffait la valeur et rallumait l’audace.
Jadis, du grand Hector illustre compagnon,
Il portait près de lui la lance et le clairon.
Mais, quand Hector perdit la vie et la victoire,
Sous un autre héros gardant la même gloire,
Du vaillant fils d’Anchise il suivit le destin.
Un jour qu’il embouchait l’harmonieux airain,
Provoque par les sous de sa conque sonore,
Un des Tritons jaloux, qu’un noir dépit dévore,
Si le dépit est fait pour les aines des dieux,
Saisit dans sa fureur ce rival odieux,
Le plonge entre les rocs, sous la vague écumeuse ;
Tous pleurent sa vaillance et sa trompe fameuse.
Et le héros surtout, du sommet d’un rocher,
Veut porter jusqu’aux cieux son superbe bûcher.
De l’antique forêt déjà les chênes tombent ;
Les sapins orgueilleux sous la hache succombent :