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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/395

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Là sont tous ces héros, honneur de ses remparts,
Depuis les rois albains jusques aux deux Césars.
Là du dieu des combats gît la louve fidèle ;
Deux célestes jumeaux, qui sont nourris par elle,
Pendaient à sa mamelle et jouaient sur son sein ;
Déjà dans leurs regards est écrit leur destin ;
Nés dans l’antre de Mars ils en ont le courage,
Ils sucent sans effroi leur nourrice sauvage :
Le dieu semble sourire aux fruits de son amour ;
Elle, en se retournant, les flatte tour à tour,
Et sur l’espoir naissant de Rome encor naissante
Promène mollement sa langue caressante.
Plus loin on voit un cirque et le peuple romain,
Des Sabines en pleurs l’involontaire hymen,
Et les deux rois armés, et les fatales guerres
Dont ce rapt politique ensanglanta leurs terres.
Plus loin des flots de vin, des flots de sang sacré
Solennisent le nœud que la paix a serré.
Ailleurs de Metius c’était l’affreux supplice ;
Pour punir son forfait et son lâche artifice,
A deux chars attelés quatre fougueux chevaux
De ses membres rompus emportaient les lambeaux :