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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/397

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Son sang au loin rougit les ronces dégouttantes.
Plus loin de Porsenna les fureurs insultantes
Pressent Rome assiégée, et du joug des Tarquins
Menacent de nouveau ces fiers républicains ;
Les Romains à sa rage opposent leur audace :
On le voit à son air, à son œil qui menace,
S’indigner qu’un seul homme, arrêtant ses drapeaux,
Brise le pont du Tibre et brave ses assauts.
Une femme, plus loin, égalant ce courage,
Brise ses fers, s’échappe, et s’élance à la nage
Sur le roc Tarpéien qu’illustra Romulus.
Devant le Capitole avançait Manlius :
Le toit du fondateur dont le Romain s’honore
De son chaume récent se hérissait encore ;
Un oiseau, déployant son plumage argenté,
Criait, courait, errait, volait de tout côté :
On reconnaît l’oiseau, sentinelle de Rome,
Dont les cris vigilants, secondant un grand homme,
Annoncent aux Romains l’approche des Gaulois :
Protégés par la nuit et par l’ombre des bois,
Les Gaulois arrivaient ; de la demeure sainte
Déjà leur troupe impie environne l’enceinte.