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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/405

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Neptune épouvanté voit mille morts cruelles ;
L’eau mugit, le feu siffle, et le fer a des ailes.
Cléopâtre elle-même, au milieu des combats,
Du sistre égyptien anime ses soldats,
Hélas ! et ne voit pas deux serpent qui l’attendent.
Sous le nom de ses dieux cent monstres la défendent :
Ensemble conjurés, le mugissant Apis,
Le Crocodile impur, l’aboyant Anubis,
En vain osent encor, partageant sa fortune,
Lutter contre Vénus et Minerve et Neptune :
Gravés sur leur métal, l’impitoyable fer,
Mars, le terrible Mars, et les filles d’enfer,
Bellone aux fouets sanglants, la Discorde abhorrée,
En triomphe étalant sa robe déchirée,
Mêlés aux combattants, les animent en vain :
Apollon les a vus de son temple divin ;
Le dieu saisit son arc, et, frappés d’épouvante,
L’Arabe et l’Indien et l’Egypte tremblante,
Tout fuit : la reine même aux yeux de l’univers
Fuyant, n’implorant plus d’autres dieux que les mers,
Et les vents trop tardifs, et la voile, et la rame,
Part, l’orgueil dans les yeux, le désespoir dans l’âme.