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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/47

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D’abord, de troncs fendus, de rameaux sans verdure,
Ils dressent du bûcher l’immense architecture ;
Et, du triste édifice entourant les apprêts,
En cercle sont penchés de lugubres cyprès ;
Au-dessus du héros on a placé les armes.
Pour en baigner ce corps, digne objet de leurs larmes,
Les uns versent les flots bouillonnants dans l’airain,
Et de riches parfums s’épanchent de leur main.
On gémit, on le met sur le lit funéraire,
De ses restes chéris triste dépositaire ;
On étend au-dessus des habits précieux :
Celui qui les portait les rend chers à leurs yeux.
D’autres, le regard morne, et l’âme désolée,
Triste et lugubre emploi, portent le mausolée,
Suivent l’usage antique, et, tremblant d’approcher,
En détournant les yeux allument le bûcher.
L’encens, l’huile, les mets, les offrandes pieuses
Que jettent dans le feu leurs mains religieuses,
Brûlent avec le corps ; un parfum précieux
Arrose les débris qu’épargnèrent les feux ;
La douleur les confie à l’urne sépulcrale ;
Le rameau de la paix répand l’onde lustrale.