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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/49

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On pleure encor Misène, on l’appelle trois fois,
Et les derniers adieux attendrissent leur voix.
Enée à cet honneur en joint un plus durable,
Sur un mont il élève un trophée honorable,
Y place de sa main la lance et le clairon ;
Et ces bords, ô Misène ont conservé ton nom.
Mais il est d’autres soins qu’exige la prêtresse ;
En un lieu sombre où règne une morne tristesse,
Sous d’énormes rochers, un antre ténébreux
Ouvre une bouche immense : autour, des bois affreux,
Les eaux d’un lac noirâtre, en défendent la route :
L’œil plonge avec effroi sous sa profonde voûte.
De ce gouffre infernal l’impure exhalaison
Dans l’air atteint l’oiseau frappé de son poison,
Et de là, par les Grecs, il fut nommé l’Averne.
Avant que d’affronter son horrible caverne,
La prêtresse d’abord, sous les couteaux sanglants,
De quatre taureaux noirs a déchiré les flancs,
Les baigne d’un vin pur, et pour premier hommage,
Brûle un poil arraché de leur tête sauvage,
L’offre à la déité qui, du trône des airs,
Etend son double empire au gouffre des enfers.