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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/51

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D’autres frappent du fer les victimes mourantes,
Et reçoivent le sang dans des coupes fumantes.
Un glaive au même instant, dans les mains du héros,
A la terre, à la nuit, vieux enfants du chaos,
Immole une brebis, dont la couleur rappelle
La noire obscurité de la nuit éternelle.
La fille de Cérès, Proserpine, à son tour,
Stérile déité d’un stérile séjour,
En hommage reçoit une vache inféconde ;
Puis il consacre au roi de ce lugubre monde
L’offrande funéraire et ces tristes autels
Que dans l’ombre des nuits invoquent les mortels.
Lui-même il abandonne aux flammes dévorantes
Des taureaux égorgés les entrailles sanglantes.
Vulcain en fait sa proie, et du gras olivier
L’onctueuse liqueur arrose le brasier.
Voilà qu’au jour naissant mugissent les campagnes ;
La cime des forêts tremble au front des montagnes ;
La terre éprouve au loin d’affreux ébranlements,
Et les chiens frappent l’air de leurs longs hurlements.
Soudain à son approche ont tressailli les mânes :
« Loin de ce bois sacré ! loin de mes yeux, profanes !