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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/53

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S’écria la prêtresse. Et toi, qui suis mes pas,
Enée, arme ton cœur ; Enée, arme ton bras ».
Elle dit, et s’élance au fond de l’antre sombre ;
Et lui, d’un pas hardi, vole, et la suit dans l’ombre.
  Tristes divinités du gouffre de Pluton !
Toi, lugubre Chaos ! et toi, noir Phlégéthon !
Permettez qu’un mortel de vos rives funèbres
Trouble le long silence et les vastes ténèbres,
Et sonde dans ses vers, noblement indiscrets,
L’abîme impénétrable où dorment vos secrets.
  Tous les deux, s’avançant dans ces tristes royaumes
Habités par le vide, et peuplés de fantômes,
Marchaient à la lueur du crépuscule obscur :
Tel, lorsqu’un voile épais du ciel cache l’azur,
Au jour pâle et douteux qu’épargne un ciel avare,
Dans le fond des forêts le voyageur s’égare.
  Devant le vestibule, aux portes des enfers,
Habitent les Soucis et les Regrets amers,
Et des Remords rongeurs l’escorte vengeresse ;
La pâle Maladie, et la triste Vieillesse ;