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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/55

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L’Indigence en lambeaux, l’inflexible Trépas,
Et le Sommeil son frère, et le dieu des Combats ;
Le Travail qui gémit, la Terreur qui frissonne,
Et la Faim qui frémit des conseils qu’elle donne ;
Et l’ivresse du Crime, et les Filles d’enfer,
Reposant leur fureur sur des couches de fer ;
Et la Discorde enfin, qui soufflant la tempête,
Tresse en festons sanglants les serpents de sa tête.
  Au centre est un vieil orme où les fils du Sommeil,
Amoureux de la nuit, ennemis du Réveil,
Sans cesse variant leurs formes passagères,
Sont les hôtes légers de ses feuilles légères.
Là sont tous ces fléaux, tous ces monstres divers
Qui vont épouvanter l’air, la terre et les mers :
Géryon, de trois corps formant un corps énorme ;
Le Quadrupède humain, fier de sa double forme ;
L’Hydre, qui fait siffler cent aiguillons affreux ;
La Chimère, lançant des tourbillons de feux ;
Briarée aux cent bras, levant sa tête impie ;
Et l’horrible Gorgone, et l’avide Harpie.
Enée allait sur eux fondre le fer en main :
« Arrête ! tu ne vois qu’un simulacre vain.