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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/61

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Les premiers ont reçu les funèbres hommages ;
Les autres, sans cercueil, ont vu les noirs rivages.
Tant qu’ils n’ont pas reçu les honneurs dus aux morts,
Durant cent ans entiers ils errent sur ces bords ;
Enfin leur exil cesse, et leur troupe éplorée
Atteint au jour prescrit la rive désirée ».
Le héros est ému d’un sort si rigoureux.
Oronte et Leucaspis frappent soudain ses yeux :
Tous deux ils avaient fui les murs fumants de Troie,
Et des flots mutinés tous deux furent la proie.
Palinure comme eux avait fini ses jours :
Des astres de la nuit il observait le cours,
Lorsqu’il tomba plongé dans la liquide plaine :
Le héros l’aperçoit, le reconnaît sans peine :
« Palinure, est-ce toi ? Comment t’ai-je perdu ?
Apollon, qui jamais en vain n’a répondu,
Pour la première fois dément donc ses oracles.
Tu devais, avec nous forçant tous les obstacles,
Aux bords tant désirés conduire tes amis ;
Et voilà comme il tient ce qu’il avait promis.
  — Les dieux, dit le nocher, que votre plainte cesse,
N’ont ni causé ma mort, ni trahi leur promesse.