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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/65

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Par les mânes d’Anchise, abrégez ma misère.
Un peu de terre, hélas ! suffit à ma prière.
Veline de mon corps vous rendra les débris ;
Ou, s’il se peut, au nom de la belle Cypris,
D’accord avec les dieux, qui vous guident sans doute,
Sur ce fleuve fatal favorisez ma route ;
Que je trouve un asile au-delà de ces flots,
Et que mon ombre au moins obtienne le repos.
— Téméraire mortel ! lui répond la Sibylle,
Où t’égare un désir, un espoir inutile ?
De quelle vaine ardeur ton cœur est consumé !
Quoi ! sans l’ordre des dieux, quoi ! sans être inhumé,
Tu crois franchir le Styx et ses ondes sévères !
Le Destin ne sait pas entendre les prières ;
Cesse de t’en flatter. Ecoute toutefois
De ce même Destin la consolante voix :
Les peuples, redoutant les vengeances célestes,
Par des tributs vengeurs consacreront tes restes,
Et ton nom à jamais consacrera les lieux
Qui doivent recevoir et ta cendre et leurs vœux ».
  Ce discours le console ; et sa gloire future
Calme un peu la douleur de sa triste aventure.