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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/71

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Là ce monstre à trois voix, l’effroyable Cerbère,
Sans cesse veille au fond de son affreux repaire :
Il les voit, il se lève et, déjà courroucés,
Tous ses hideux serpents sur son cou sont dressés,
La prêtresse, apaisant sa fureur rugissante,
Lui jette d’un gâteau l’amorce assoupissante.
Le monstre, tressaillant d’un avide transport,
Ouvre un triple gosier, le dévore, et s’endort ;
Et, dans son antre affreux, sa masse répandue,
Le remplit tout entier de sa vaste étendue.
Le héros part, le laisse en son hideux séjour,
Et s’éloigne des eaux qu’on passe sans retour.
Tout à coup il entend mille voix gémissantes ;
C’étaient d’un peuple enfant les ombres innocentes ;
Malheureux ! qui, flétris dans leur première fleur,
A peine de la vie ont goûté la douceur,
Et ravis, en naissant, aux baisers de