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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/83

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Voilà les monuments de sa tendresse extrême.
Dans notre nuit fatale, à notre heure suprême,
Quand ce colosse altier apportant le trépas,
Entrait gros de malheurs, d’armes et de soldats,
Lorsque tous les fléaux allaient fondre sur Troie,
Vous n’avez pas sans doute oublié quelle joie
Enivrait nos esprits ; et comment l’oublier !
Hélène secondait ce colosse guerrier.
Pour mieux dissimuler sa barbare allégresse,
D’une trompeuse orgie elle échauffait l’ivresse,
Secouait une torche, et, des tours d’Ilion,
Appelait et la Grèce et la destruction.
Je sommeillais alors : ce sommeil homicide,
Du repos de la mort avant-coureur perfide,
A mes vils ennemis livrait un malheureux.
Ma digne épouse alors, ce cœur si généreux,
Ecarte du palais les armes qu’il recèle,
Dérobe à mon chevet ma défense fidèle,
Ce glaive qui, la nuit, protégeait mon sommeil,
Appelle Ménélas à mon affreux réveil :
Il entre, et dans l’instant sa lâche perfidie
Lui livre mon palais, mes armes et ma vie,