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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/87

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C’est là qu’il faut marcher. - O divine prêtresse !
Dit alors Déiphobe, excusez ma tendresse.
Je pars ; vous, prince illustre autant que généreux,
Adieu ; plaignez mon sort, et soyez plus heureux ».
Il dit, et dans la foule en pleurant se retire.
Enée alors regarde, et de ce sombre empire
A gauche il aperçoit le séjour odieux,
Que d’un triple rempart enfermèrent les dieux.
Autour le Phégéthon aux ondes turbulentes,
Roule d’affreux rochers dans ses vagues brillantes.
La porte inébranlable est digne de ces murs :
Vulcain la composa des métaux les plus durs.
Le diamant massif en colonnes s’élance ;
Une tour jusqu’aux cieux lève son front immense ;
Les mortels conjurés, les dieux et Jupiter,
Attaqueraient en vain ses murailles de fer.
Devant le seuil fatal, terrible, menaçante,
Et retroussant les plis de sa robe sanglante,
Tisiphone bannit le sommeil de ses yeux ;
Jour et nuit elle veille aux vengeances des dieux.
De là partent des cris, des accents lamentables,
Le bruit affreux des fers traînés par les coupables,