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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/91

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Plus loin, s’enflant, dressant ses têtes menaçantes,
Une hydre ouvre à la fois ses cent meules béantes.
L’œil n’ose envisager ses antres écumants.
Enfin l’affreux Tartare et ses noirs fondements
Plongent plus bas encor que de leur nuit profonde
Il ne s’étend d’espace à la voûte du monde.
Là, de leur chute horrible encore épouvantés,
Roulent ces fiers géants par la terre enfantés.
Là des fils d’Aloüs gisent les corps énormes ;
Ceux qui, fendant les airs de leurs têtes difformes,
Osèrent attenter aux demeures des dieux,
Et du trône éternel chasser le roi des cieux.
Là j’ai vu de ces dieux le rival sacrilège,
Qui, du foudre usurpant le divin privilège,
Pour arracher au peuple un criminel encens,
De quatre fiers coursiers aux pieds retentissants
Attelant un vain char dans l’Elide tremblante,
Une torche à la main y semait l’épouvante :
Insensé qui, du ciel prétendu souverain,
Par le bruit de son char et de son pont d’airain,
Du tonnerre imitait le bruit inimitable !
Mais Jupiter lança le foudre véritable,