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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/93

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Et renversa, couvert d’un tourbillon de feu,
Le char, et les coursiers, et la foudre, et le dieu.
Son triomphe fut court, sa peine est éternelle.
Là, plus coupable encore, est ce géant rebelle,
Ce fameux Tityus, autre rival des dieux,
De la terre étonnée enfant prodigieux :
Par un coup de tonnerre aux enfers descendue,
Sur neuf vastes arpents sa masse est étendue.
Un Vautour sur son cœur s’acharne incessamment,
De sa faim éternelle éternel aliment ;
Contre l’oiseau rongeur en vain sa rage gronde ;
Il habite à jamais sa poitrine profonde ;
Il périt pour renaître, il renaît pour souffrir ;
Il joint l’horreur de vivre à l’horreur de mourir ;
Et son cœur, immortel et fécond en tortures,
Pour les rouvrir encor referme ses blessures.
Rappellerai-je ici le superbe Ixion,
Le fier Pirithoüs, et leur punition ?
Sur eux pend à jamais, pour punir leur audace,
D’un roc prêt à tomber l’éternelle menace ;
Tantôt, pour irriter leur goût voluptueux,
S’offrent des mets exquis et des lits somptueux :