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Page:Virgile L’Énéide Traduction de Jacques Delille - Tome 3.djvu/97

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De ses longues erreurs revenus désormais,
Sur sa pierre immobile il s’assied pour jamais.
C’est là son dernier trône : exemple épouvantable !
Là sans cesse il redit d’une voix lamentable :
« Par le destin cruel que j’éprouve en ces lieux,
Apprenez, ô mortels ! à respecter les dieux ».
Ils ont leur place ici, ces lâches mercenaires,
Qui vendent leur patrie à des lois étrangères.
La peine suit de près ce père incestueux
Qui jeta sur sa fille un œil voluptueux,
Et, jusque dans son lit, portant sa flamme impure,
D’un horrible hyménée outragea la nature.
Ils sont jugés ici tous ces juges sans foi,
Qui de l’intérêt seul reconnaissaient la loi,
Qui mettant la justice à d’infames enchères,
Dictaient et rétractaient leurs arrêts mercenaires,
Et de qui la balance, inclinant à leur choix,
Corrompit la justice, et fit mentir les lois ;
Tous ces profanateurs des liens légitimes,
Tout ce qui est coupable, et jouit de ses crimes.
Non, quand j’aurais cent voix, je ne pourrais jamais
Dire tous ces tourments, compter tous ces forfaits.