Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/102

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enfance envolée nous revenait avec les hirondelles et mettait quelques frissons dans la logique de nos théorèmes. Valait-il la peine d’avoir poignardé tout préjugé, pour entendre encore frapper à la porte de notre cœur ?

« Ces souvenirs va-t-il falloir les retuer ?
« Un assaut furieux, le suprême sans doute ! »

répétions-nous après Verlaine, et, l’on se hâtait vers les restaurants de la rue Monsieur le Prince, à seule fin de se renvoyer des syllogismes au-dessus d’un haricot de mouton et de trouver des camarades avec qui discuter, des jeunes hommes désireux comme soi de s’agiter dans l’éristique et d’y reconquérir leur paix.

Mais le moment le plus difficile c’était la nuit, alors qu’on se sent seul, infiniment, à travers le silence des mondes. Finis les paradoxes ; plus personne pour vous donner la réplique ; aucune excitation extérieure ; rien qu’un pauvre moi pantelant, presque usé