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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/121

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premières gachées, mon pauvre ami, que de temps décidément perdu ! Au moins aurions-nous pu réaliser des chefs-d’œuvre, si l’on avait su transformer l’entrepôt de nos rêveries transcendantes en fabrique d’objets d’art. Voilà, voilà, on était des « lyriques ». Poètes, nous nous établissions au centre de la vérité : toute sagesse affluait au cœur. Philosophes, nous courons à l’intérieur d’un cercle mobile, en écureuils têtus.

« Remarquez, ajouta Georges, que mes actes sont indépendants de leur lucidité. Je vous établis un diagnostic qui regarde mon état et aussi le vôtre, je crois ; mais je me trouve votre aîné dans un mal identique. Je touche au troisième période de contagion. J’ignore si je pourrais encore me sauver ; en tout cas, connaissant le chemin du salut, je ne tente rien pour m’y engager. Je ne me soigne ni ne m’inquiète. Je vous parle donc avec un certain désintéressement et vous fait juge. Vous savez mes actes en parfaite contradiction avec mes paroles. Suivrez-