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Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/124

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vivre dans la foi et l’inébranlable certitude, d’entendre comme jadis la nature vous murmurer des paroles de joie, — vous voulez remplir votre rôle, chanter la terre, glorifier la force, exalter l’ordre, aimer d’amour, en un mot déployer toutes vos énergies, — eh bien, mon vieux, fous le camp. »


À tout autre instant, j’aurais admiré la tenue de ce langage ; — ai-je dit que Georges aimait les contrastes ? — et si j’ose, chère Mad, vous reproduire ce discours avec ses longueurs, son raffinement d’images et sa crudité dernière, c’est que je le retrouve aujourd’hui enregistré profondément sur les rouleaux du souvenir. S’il vivait encore et qu’il pût avancer la tête au-dessus de votre épaule, ce curieux ami se relirait avec quelque plaisir.

Mais à cette minute de mon destin où deux solutions me sollicitaient à la fois : me jeter dans la Seine ou dans le vagabondage intellectuel, le conseil énergique d’un « qui s’y connaît » me sauva.