Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/148

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tôt. Vous seule étiez plus rougissante, grandie de tout votre amour surélevé, et si je reconnaissais à votre grand-père la même robe de chambre à brandebourgs violets, je découvrais, en même temps que des yeux trop brillants, une longue robe de drap vert amande, serrée à la taille par une haute ceinture, que je ne vous avais jamais vue.

Je vous avais quittée petite fille ; je vous retrouvais femme, avec un rire plus mesuré et des paupières plus langoureuses. Vos mains me tendaient toute la bonté qu’étalait votre regard. Vos yeux parlaient très vite, mais vos bras disaient encore plus de secrets ; vous les mouviez comme on dispose des guirlandes autour d’un socle.

À mesure que la veillée avançait, les heures se faisaient plus recueillies. On s’écoutait marcher au bord de son attendrissement. J’étais très étonné.

Je m’attendais à voir une petite provinciale limpide et bête, et je découvrais une âme parfumée par toutes les senteurs de la