Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/165

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était la tienne. Tu n’as fermé un instant les yeux à nos joies, que pour mieux voir ta douleur.

« Or, songe que dans l’instant où tu tendais les bras à notre rencontre, les yeux de Mad buvaient aussi notre lumière. Nous l’élevions pour toi, comme nous t’avons cultivé pour elle ; nous la chargions des mêmes liens, confondant volontairement vos âmes dans la même attitude… Comment penserais-tu échapper à un cœur pourvu de toutes les images qui te composent ? »

Mad, ce jour que nous voyons, d’autres l’ont vécu avant nous. Ceux-ci ont donc pu prévoir de façon infaillible la position, sinon l’étendue de nos sentiments, et de quel côté unique nous inclinerions. Il n’a jamais fait aucun doute dans l’esprit de mon père qu’une fois je vous épouserais.

La précision de ce déterminisme psychologique me confond. J’admire le plus l’influence irrésistible qui nous environne. Votre petite main est venue toute seule se blottir