Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

meilleure explication de moi-même qui s’offrait ainsi en exemple, au seuil de notre amour.

Il importe de ne point les négliger, Mad, ces réminiscences par quoi nous demeurons si fermement enracinés à nos origines, car notre être est lourd de cette conscience qui se déroule en se continuant, comme un son qui se prolonge et s’accentue avec insistance.

Pourquoi vous dis-je tout cela ce soir ? D’autres, qui ont rompu tout lien avec leur milieu et qui manquent d’esprit de suite, s’imagineraient qu’une vie toute neuve s’offre devant nous. Vous, au contraire, habituée de bonne heure à l’expérience de la réalité, vous savez qu’il s’agit moins d’inventer que de continuer notre transport. C’est toujours la même vie, mais poussée cette fois à sa pleine expansion. Jusqu’alors notre amour ne projetait qu’une lumière éparpillée et diffuse ; à présent cette lumière a trouvé son foyer et va se concentrer en un point. C’est