Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/27

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daient les bras avec amour ; mais un pudique malentendu les retenait encore éloignés l’un de l’autre.

Ma réponse à ce pourquoi fut de vous prendre un peu vite la main et de vous entraîner, en souriant, vers le perron. Nous gravîmes, sans mot dire, la pente rude que longe à gauche le dos d’un petit mur lépreux ; passâmes auprès de la table rustique, dont les deux gros pieds de bois vermoulu supportent une feuille d’ardoise bleue ; fûmes accueillis par un gravier plus lourd, qui nous conduisit jusqu’aux tourelles du château, à cet endroit où la pelouse s’arrondit, comme un bon chien aux pieds du maître.

Plusieurs escaliers accèdent aux combles où se cache ma solitude laborieuse. En choisissant l’escalier de service aux marches fatiguées et tout usées en leur milieu, j’avais mon projet. C’était que mon enfance vous apparût d’abord en mille petits recoins obscurs et que nous fussions tous deux seuls à