Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/45

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Longtemps je ne dépassai pas ce palier. Jamais je n’aurais osé pénétrer seul dans les divers galetas qu’abritent les combles. Le lieu me semblait plein d’ombres et mystérieux. Je l’imaginais hanté de fantômes, de cliquetis de vertèbres.

Il faut vous dire que je n’étais pas très franc avec les ténèbres. Déjà certains appartements du rez-de-chaussée, hauts de plafond et inhabités, la chambre rose, la chambre verte, la chambre bleue, cette dernière si délicieuse pourtant avec sa vue sur la terrasse, m’en imposaient fort. Je les traversais en courant, lorsque je rejoignais mon institutrice qui m’attendait dans la classe, et j’avais soin de ne pas me retourner.

Je me souviens encore d’un soir d’automne. Je me trouvais avec ma mère et mon père dans le petit salon au coin du feu. Soudain on entend un bruit étrange dans la chambre verte, des frôlements bizarres, comme un frou-frou d’ailes précipité et des chocs mous. Mon père se lève, prend sa canne ; ma mère le suit avec