Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/67

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votre présence, de peur que ma vision d’azur ne se ternisse au spectacle des laideurs quotidiennes. À cette heure, votre image chère émane diffuse de la lampe familière, s’étale en nappes pâles sur ce papier blanc, se réfugie aux solives du plafond, sommeille dans l’ombre des étagères. Voyez-vous, il m’indifférerait presque d’être muré pour toujours dans ce repaire et que vous fussiez morte. Car, en vérité, Mad, je vous vis éternellement…

Et pour mieux m’incruster le souvenir présent de cette après-midi de soleil, je goûte une suprême volupté, le visage enfoui dans cette gerbe de lilas, à recommencer ce soir, en vous le racontant, notre pèlerinage sentimental, à travers mon enfance et nos cœurs émus.