Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/77

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ture, plus j’entendais chanter ma science. Là-bas, au fond, derrière les rideaux de pampres verts, dormait la mort ; par vous je l’ai palpée dans l’ombre.

Hélas ! à l’âge que je traversais, l’esprit se pose avec maladresse sur la vie et son équilibre est plein de timidité. La simple poussée d’une idée un peu évocatrice suffit à faire pivoter la conscience d’un enfant ; ce sont alors tous les espoirs de sa race qui chancellent avec lui.

Mon père se dressait devant l’avenir ténébreux comme un mur hospitalier. Ma faiblesse y trouvait un abri contre l’orage et je m’arc-boutais sur sa solide base, avec toute l’énergie d’une foi ardente. Le visage en plein soleil, je regardais monter mes instincts. Mon rêve folâtrait dans la prairie, semblable au vol étincelant des papillons toujours insatisfaits.

Lorsque le mur s’écroula, je fus projeté contre de nouveaux horizons. J’ai tourné le dos aux fleurs brillantes de ma jeunesse