Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gestions envahissantes. Je croyais marcher au milieu de cris déchirants, comme un promeneur dont le dos est assailli de prières, et qui évite de se retourner, de crainte d’être attendri. Vous aviez assez d’occupations avec vos larmes à refouler et votre grand-père méditait impénétrable, penché vers la cheminée.

On se quitta de bonne heure. On était très malheureux. J’avais surtout hâte d’échapper à cette atmosphère, de ne plus entendre le toc-toc des souvenirs. Cette dernière nuit, je la passai à entasser du linge dans mes malles et, tandis que je fouillais les hautes armoires et les commodes ventrues, obstinément, des objets caressés par vos doigts, se glissaient sous ma main, pour se laisser palper une dernière fois : notre collection de papillons, des feuilles de l’herbier composé durant une excursion à la Grande Chartreuse, des cailloux ramassés au bord du Drac. C’était surtout, à travers ces témoins babillards, la perpétuelle résurrection de