Page:Visan – Lettres à l’Élue, 1908.djvu/91

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l’avenue de l’Observatoire et le prolongement de la rue de Fleurus. Au milieu, un petit tourbillon, et ce Maelstrom est peuplé d’enfants qui dirigent leurs bateaux à voiles à l’aide de lignes en jonc.

J’aurais pu dormir au centre du « confort moderne ». Mais je croyais devoir à mon intelligence de supprimer tout ce qui respire la dissipation de l’esprit. L’exemple de modestie, proposé par Taine et par Renan à ma studieuse jeunesse, me contraignit à n’occuper que trois pièces et un splendide horizon.

Une seule chambre d’étudiant, blanchie à la chaux, aurait d’ailleurs suffi à mon bonheur, car je nourrissais un cerveau peuplé d’abstractions grandioses et décidé à m’emporter à travers les plus magnifiques palais d’idées. À cette époque je tenais les idéalistes allemands pour les plus sûrs éducateurs de ma conscience et j’avais la certitude de créer les formes comme on crée ses concepts. Mais un plus profond amour de la nature, joint à mon goût persistant pour la poésie, m’avaient