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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/123

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Nous charmerons encor, très obscurs Arions,
Les Dauphins dont la croupe apparaîtra sur l’onde,
Berçant nos vers jusqu’à ce que nous en mourions.

Le visage tourné vers l’Océan qui gronde,
Nous dormirons, du poids de la chair affranchis,
Et Thétis rentrera dans sa grotte profonde.

Ô Séléné, déesse pâle, réfléchis
Sur les rayons de ta lumière scarlatine,
Le geste ossifié de nos membres blanchis !

Fais que l’insecte ailé de l’Hymette butine
Notre rictus atone et qu’elle ait raffiné
Quelque gâteau de miel dedans notre rétine !

Jusqu’à ce que le cor de l’ange forcené
Éclate entre les fûts des célestes portiques ;
Alors nous entrerons chez le Verbe incarné,

Et ce sera le grand Cantique des Cantiques.