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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/151

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ERGO ERRAVI

Nos chevaux sont fourbus : asseyons-nous au bord
De l’étang solitaire où vogue notre sort.
Déjà les sons du cor et la chasse s’éloignent ;
Laissons les cerfs s’enfuir blessés, qu’ils se rejoignent
Au carrefour crucifié de trois chemins.
Buvons, et que l’oubli ruisselle entre nos mains,
Rafraîchissant les coins amers de notre bouche :
N’entends-tu pas au loin la meute qui débouche
En la clairière ; et nous sommes venus ici
Pour guetter son retour comme en un raccourci :
Restons encor, veux-tu, tandis qu’on nous oublie ?
C’est bon de respirer la moiteur affaiblie
De l’Automne béni dans sa virginité
De nouvelle jeunesse et de maturité ;