J’étais fort mais sans art, hennissant mais inculte,
Je voyais le Soleil, mais la pensée occulte
Me fut cachée aussi longtemps que j’eus des yeux
Charnels et que j’eus soif de plaisirs glorieux.
Mes filles n’avaient pas les douceurs vaporeuses
Des jardins aux parfums subtils des tubéreuses,
Et leurs voix n’avaient point la rumeur du palmier,
Près des ravins, quand l’aquilon vient émier,
Au temps de l’équinoxe et des longues angoisses,
Les dards victorieux des palmes qui se froissent.
Lorsque je me penchais sur le bord d’un étang
Vaguement empourpré de ces perles de sang,
Que distille au déclin du soleil dans les haies
La tristesse du pin ou l’horreur des saussaies,
Et que je contemplais le transparent profond ;
Ni l’Idée au vol pur, ni les songes qui font
Planer dans notre esprit les aigles du génie,
Ne s’envolaient des joncs où se mire Uranie.
La contemplation des couchants empourprés ;
Des vagues formes d’ombre errantes dans les prés ;
Des nocturnes oiseaux qui gîtent dans les chênes ;
L’aspect intérieur des aurores prochaines ;
Des acheminements d’humains vers les syndics ;
Le flamboiement des yeux d’onyx des basilics,
Qui fixent les passants et leur livrent l’énigme ;
Les mains des égarés cherchant un paradigme
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