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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/197

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Incarne-toi en ta splendeur selon l’Esprit,
Et respecte ta chair comme c’était écrit.
En toi j’ai mis ma complaisance, et je te somme
D’être pur, d’être beau, d’être sombre, d’être homme. »


« Ainsi parlait la voix de mon Être. Soudain
L’arôme irrespiré d’un céleste jardin
M’enveloppa d’une langueur d’apothéose.
Je sentis dans mes flancs s’épanouir des roses,
Dont la bouche de sang mêlé de gouttes d’eau
S’effeuillait en baisers au vent des renouveaux.
Les trésors odorants des cornes d’abondance
Semblaient pleuvoir en épis drus, en grappes denses
Sur ma tête, et se pendre aux branches des chemins.
Je cueillais des bouquets de lis à pleines mains.
Mes larmes ont coulé longtemps, et leur dictame
A parfumé mes jours. J’ai respiré mon âme,
Et j’ai vu transparaître à travers mon poitrail
La clarté liturgique et chaude d’un vitrail.
J’étais homme. Ô principe éternel à nous-mêmes
Vous aviez transmué la pierre en diadème,
La brute en dieu, l’instinct en raison, le fini
En minute sans fin ! Aussi soyez béni,
Dans la miséricorde amoureuse et féconde