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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/211

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Tout à coup, sous le choc éclatant d’un éclair,
Un long déchirement des voiles de ténèbres
Éblouit Ikanor, et la lumière zèbre
Sa paupière cillée où se pressent ses doigts.
Un flot d’argent baigne ses yeux : il voit ! il voit ! .....



Mais aussitôt un cri terrible ouvre sa bouche :
Hagard, hurlant son désespoir, brute farouche,
Il contemple son Âme et ne la connaît pas.
L’enfant frêle, l’enfant qui conduisait ses pas,
L’enfant au doux babil, aux fraîches mélopées,
Telle qu’il l’évoquait dans sa candeur, enveloppée
De lin, rouge d’amour, des lys en ses cheveux,
Et telle qu’il l’avait figurée en ses vœux,
L’enfant consolatrice aux attouchements d’ailes,
L’enfant reine, l’enfant du jour, ce n’est pas elle !…
Tout autre elle a vibré jadis en son émoi,
Ce n’est pas son visage et ce n’est pas sa voix,
Cette voix qui gémit, ce visage qui pleure
En ce moment d’être trop nue, mais c’est un leurre !…
— Non, non, Dellayra n’est pas ce qu’il rêva…
Et l’aïeul tend les bras au rêve qui s’en va,
Traînant comme un haillon dans la pluie et l’argile