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Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/43

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les glauques remous des vagues rongées de lumière, les sapinières et leurs ondes qui déferlent sous un ciel tout blanc. Impressionniste, j’esquisserai les contours imprécis des rivages de maïs déployés au bord de cette mer d’arbres, la débâcle des fleuves de blés lourds et puissants, subitement barrés à leur embouchure de deltas buissonneux ; et les criques ensoleillées, et les golfes de lianes et les havres salutaires d’où le flot végétal s’est retiré. Épique, j’évoquerai la furieuse traversée de l’ancêtre barbare à travers le moutonnement des chênes vénérables, je clamerai la clameur du Gaulois échoué sur les îlots des clairières, je suivrai dans ses méandres, parmi les ondes pressées des halliers touffus, le sillage étincelant des chefs romains dont le manteau claquait au vent comme une voile.

Cette multiplication de points de vue se ramène à une analyse et à une description, autrement dit à un relatif. Je vois des couleurs et les reproduis, je décompose des formes géométriques et les recompose. Des associations d’idées s’offrent que je traduis, je m’extériorise et note des représentations, — et c’est un premier procédé.

Voici le second : Toutes les photographies d’une ville prises de tous les points de vue possibles auront beau se compléter indéfiniment les unes les autres, elles n’équivaudront point à cet exemplaire en relief qui est la ville où l’on se promène. Toutes les traduc-