Page:Visan - Paysages introspectifs, 1904.djvu/97

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Un peu de mousse frange aux rives mitoyennes,
Comme un baiser très doux parti d’un soupirail ;
Comme autrefois la pourpre aux hanches des Troyennes
Un peu de sang rutile aux rochers de corail.


Oh ! le flot vagabond est frais comme les ombres
Que moirent dans l’azur les rayons du soleil !
Oh ! dans ses flancs, hélas ! roulent bien des décombres,
Et des cailloux y font des taches de vermeil !


Mais qu’importe le rire et qu’importent les larmes,
Qu’importe la blessure ou le calme des soirs,
Ô mon âme fluant sous le dôme des charmes,
Comme l’olive fauve aux meules des pressoirs !


Si nul autre torrent ne mêle un jour sa houle
À ton gave, et si nul pinson ne vient humer,
Posé sur les glaïeuls de ta vanne qui coule,
Les fougueux tourbillons qui te font écumer ;