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Page:Vitrac - Victor ou les Enfants au pouvoir, 1929.djvu/41

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THÉRÈSE, à Victor qu’elle a pris à part.

Fais-moi plaisir, Victor, évite de parler de la guerre de 1870-71. Crois-tu que ce soit gai pour tout le monde ? Et mon pauvre mari est si malade. Il suffit qu’on aborde ce chapitre pour que ses crises le reprennent. Tu ne le feras plus, n’est-ce pas, promets-le-moi ? Jure-le-moi ?

VICTOR, lui chatouillant les tempes.

Friselis, friselis, friselis.

ÉMILIE, arrivant à l’improviste.

Il vous taquine encore. Ne lui en veuillez pas, Thérèse. Sans doute, il a neuf ans, mais il n’a que neuf ans. Allons, à table, Victor, tout le monde à table.

(Chacun prend place. La lumière s’éteint. Quand elle se rallume on est au dessert.)

LE GÉNÉRAL, levant son verre.

Je bois à tes neuf ans, Victor.

TOUS

Aux neuf ans de Victor !

VICTOR

Je bois à ma mère bien-aimée, à mon père adoré, au général Étienne Lonségur, je bois à vous madame Magneau, je bois à monsieur Antoine Magneau. Je bois à Esther, leur fille, et je bois à Lili, qui est la servante accomplie de cette maison.

TOUS

Bravo !

(On trinque.)
CHARLES

Et maintenant, Victor, tu vas nous dire quelque chose.

VICTOR

Mais, je ne sais rien.