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LE GÉNÉRAL

Mais c’est très gentil ce qu’on me demande là. Je ne te refuserai pas cette grâce, mon cher Victor. En selle !

(Il fredonne le boute-selle.)

Allons dragons, vite en selle
Par quatre, formez vos escadrons.

CHARLES

Non, je te le défends une dernière fois.

VICTOR

Votre parole de soldat, général, ne me l’avez-vous pas donnée ?

LE GÉNÉRAL

Cela me regarde, Charles. J’ai donné ma parole, je la tiendrai, et avec joie, heureux si je puis donner à Victor le goût des armes. Eh, ma chère Émilie, il a déjà la taille d’un cuirassier. À neuf ans, songez-y.

VICTOR, appelant le général, qui s’est mis à quatre pattes.

Cocotte, cocotte, cocotte !

(Le général s’approche de Victor. Celui-ci le prend par la fourragère comme par la bride. Le général se prend au jeu, et imite le cheval. Il hennit, rue, se cabre, etc. On assiste à une sorte de dressage.)

VICTOR

Arrière, arrière, là, là.

(Il lui donne un morceau de sucre dans le creux de la main.
Le cheval se calme, Victor monte en selle.)

Hue ! hue !

(Gêne pour tout le monde, sauf pour Esther qui se tord.)

Au pas, au pas, au pas. Là. Au trot !

(Il le flatte de la main.)

Au galop, au galop, au galop !

(Il lui donne de l’éperon.)
Rideau