Page:Vitrac - Victor ou les Enfants au pouvoir, 1929.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voudrais pas mourir… n’est-ce pas, on peut mourir à tout âge… je ne voudrais pas mourir sans savoir.

IDA

Mais de qui es-tu amoureux, pauvre gosse ?

VICTOR

Je ne le dirai pas. Madame, dites-moi comment vous faites.

IDA

Je ne sais pas, mon petit.

VICTOR

Comment ? vous ne savez pas ? Si, vous savez. Dites-le moi. (Ida hésite, puis elle se penche sur l’oreille de l’enfant et lui parle longuement à voix basse ; pendant qu’elle parle on entend des cris dans le jardin.)

Oh ! oh ! — Où êtes-vous ? — Approchez Thérèse, — Approchez, — L’avez-vous trouvée ? Oui, elle est dans le coffre, dans le coffre à charbon. — Elle respire ? — Elle respire. Comme ses dents sont serrées. — Ouvrez-lui les yeux. — Elle a du sang sur sa robe. — Est-elle blessée ? — Non, non, ce ne sont pas des blessures, ce sont ses ongles. — Une crise ? — Une crise ? Alors c’est la première. — Je vous jure que c’est bien la première.

(Les voix se rapprochent. Ida embrasse Victor, se lève, et se dirige rapidement vers la porte de sortie.)

VICTOR

Merci, merci madame. Mais vous m’avez menti. Pourtant, faites-moi encore une grâce, la dernière.

IDA

Oui.