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Stéphane LAUZANNE, Rédacteur
PROTÉGEONS CELLES
qui doivent être mères !
Partout, en France, les statisticiens dénoncent le péril de la dépopulation, et les hygiénistes leur répondent en disant : « Protégeons l’enfance ! » Ne serait-il pas aussi juste et aussi sûr de proclamer : « Protégeons celles qui doivent être mères ! »
Si le public est aujourd’hui bien mis en garde contre les ravages sociaux de « l’avarie », il est certainement moins prévenu contre une autre maladie infectieuse, « la petite avarie », qui s’en distingue complètement. Plus répandue,
ÉMILIE

Oh, non, non, non ! je n’ai pas ces maladies honteuses, tu es dégoûtant, à la fin.

CHARLES

Passons, passons, mais ne te mets pas en colère, je t’en supplie, pas avant demain. Ah ! on a arrêté l’anarchiste Ferrer.

ÉMILIE

Tant mieux. Enfin, lis-moi un crime. Y a-t-il un crime, il y a bien un crime ?

CHARLES

Non, il n’y a pas de crime. Et puis je ne lirai pas de crimes. Tu les liras seule.

ÉMILIE

Bon, je me retiens… Je me retiens… Tu remarques que je me retiens, n’est-ce pas ?

CHARLES

Et je t’en suis très reconnaissant. Au fait, et le feuilleton j’allais oublier le feuilleton. “Une grande dame”.

(Pendant qu’il lit, la scène décrite par le romancier se réalise entre Charles et la mystérieuse visiteuse. Émilie sanglotera jusqu’à la fin.)