Page:Vivekananda - Râja-yoga, 1910.djvu/128

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Il est donc de toute importance que nous puissions répondre à ces questions ; sans quoi la vie humaine deviendrait intolérable. Si la vie n’est qu’un petit rien du tout qui doit durer cinq minutes, si l’univers n’est qu’une combinaison fortuite d’atomes, pourquoi ferais-je du bien à mon prochain ? Pourquoi la pitié, la justice, la solidarité existeraient-elles ? la meilleure chose à faire en ce monde serait que l’on moissonnât, pendant que brille le soleil, chacun pour son propre compte. Si l’espoir n’est qu’un vain mot, pourquoi aimerais-je mon frère, au lieu de lui couper la gorge ? Si rien n’existe au delà, s’il n’y a point de liberté, et si tout se réduit à des lois rigoureuses et mortes je ne devrais pas avoir d’autre but ici-bas que de jouir de la vie. Vous rencontrez de nos jours des gens qui vous diront qu’il fondent leur morale sur une base utilitaire. Quelle est cette base ? Elle consiste à procurer le bonheur le plus grand au plus grand nombre d’individus possible. Pourquoi m’y appliquerais-je ? Et pourquoi ne causerais-je pas le plus de malheur possible, au plus grand nombre de gens, si j’en dois tirer profit ? Quelle réponse les utilitaires font-ils à cette question ? Le désir d’être heureux m’anime et j’y cède ; telle est ma nature, je neconnais rien au delà. Tels