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Page:Vivien - Études et Préludes, 1901.djvu/34

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ÉTUDES ET PRÉLUDES


Viens, sans fard à ta lèvre où brûle mon désir,
Sans anneaux, — le rubis, l’opale et le saphir
Déshonorent tes doigts laiteux comme la lune, —
Et bannis de tes yeux les reflets du miroir…
Voici l’heure très simple et très chaste du soir
Où la couleur opprime, où le luxe importune.

Délivre ton chagrin du sourire éternel,
Exhale ta souffrance en un profond appel :
Les choses d’autrefois, si cruelles et folles,
Laissons-les au silence, au lointain, à la mort…
Dans le rêve qui sait consoler de l’effort,
Oublions cette fièvre ancienne des paroles.

Je baiserai tes mains et tes divins pieds nus,
Et nos cœurs pleureront de s’être méconnus,
Pleureront les mots vils et les gestes infâmes.
Des vols s’attarderont dans la paix des chemins…
Tu joindras la blancheur mystique de tes mains,
Et je t’adorerai, dans l’ombre où sont les âmes.