Page:Vivien - Évocations, 1903.djvu/31

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J’aimais tes cheveux tissés de clairs de lune,
Ton corps ondoyant qui se dérobe et fuit,
Tes yeux que l’éclat de l’aurore importune,
Bleus comme la nuit.

J’aimais le baiser de tes lèvres amères,
J’aimais ton baiser aux merveilleux poisons,
Jadis ! Et j’aimais tes injustes colères
Et tes trahisons.

Atthis, aujourd’hui tu pâlis, et je passe,
Tel un exilé sans désir de retour,
Toi, moins souriante, et moi, l’âme plus lasse,
Plus loin de l’amour.

Pourtant que d’angoisse en tes vastes prunelles,
Et que d’infini dans nos larges douleurs ! —
Le rêve irisait de splendeurs irréelles
La pourpre des fleurs.