Page:Vivien - Brumes de fjords.djvu/96

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Au fond des chambres ensommeillées, frissonna un léger bruit, léger comme un pas de femme, sinistre pourtant comme le craquement du bois d’un cercueil…

Et le vieil amateur, soudain réveillé de la paresse qui le berçait, sentit l’horreur de l’Inconnu le saisir dans la nuit.

Le bruit s’accentua, s’approfondit, se rapprocha, les coins d’ombre s’emplirent de mystère, et le silence se peupla de visions.

Tout un peuple de fantômes remua autour du vieillard pétrifié : spectres étranges et disparates, de toutes les époques, et de tous les pays.

Puisant enfin un peu de courage dans son épouvante, le savant parvint à distinguer parmi la foule d’ombres des formes et des visages. Son regard presque éteint s’arrêta sur un vieux noble anglais, dont le costume pittoresque évoquait le temps de la reine Anne… Le ventre replet faisait saillir le gilet de soie bleue semée de fleurs gracieusement roses. Le nez s’allumait, ardent, au milieu du visage congestionné… Le jovial revenant symbolisait la paix, l’ordre, le bien-être, la bonne chère, l’importance et la dignité. Et les lèvres sensuelles s’agitaient…