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Page:Vivien - Du vert au violet, 1903.djvu/47

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Et je me réjouirais de voir pleurer goutte à goutte tout le sang de ses veines.

Je chérirais sa mort sur le lit de nos caresses…

J’aime celle que je hais.

Lorsque je l’entrevois dans la foule, je sens brûler en moi le vœu inguérissable de l’étreindre à la face du monde et de la posséder dans la lumière.

Les paroles de rancune se changent sur mes lèvres en sanglots de désir.

Je la repousse de toute ma colère, et je l’appelle de toute ma volupté.

Elle est féroce et lâche, mais son corps est ardent et frais, — une flamme fondue dans la rosée…

Je ne puis voir sans trouble et sans regret ses regards de perfidie et ses lèvres de mensonge…

Je hais celle que j’aime, et j’aime celle que je hais.