Page:Vivien - Du vert au violet, 1903.djvu/51

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Je crus devoir l’apaiser par des paroles conciliantes.

« Je ne suis point un adversaire irréductible du progrès, assurai-je. Le confort m’attire, même sous l’aspect extérieur le moins séduisant. Le confort est l’ami et le protecteur du songe. Il l’abrite contre les désagréments qui troublent la pensée ; et la matière, par une revanche glorieuse, aide à l’essor de la spiritualité la plus haute. Ainsi, le balancement égal de cette chaise à bascule scande familièrement le rêve. Il me semble entendre la cadence monotone des rames et sentir le bercement de la barque qui m’emporte jusqu’aux Lointains. »

Tout en exprimant mon approbation de la sagesse moderne, j’adaptai mes méditations au rythme méthodique de la chaise à bascule. À la longue, cependant, mon esprit impatienté réclama l’Immobilité bienfaisante, l’Immobilité jadis éclose dans la langueur d’un soir oriental. Je convoitai la paix profonde que m’offrait une ancestrale bergère, et j’ébauchai un effort pour me lever.

Toutes mes tentatives libératrices furent vaines… Tantôt orageuse comme une barque ballottée par les vagues, tantôt régulière comme l’oscillation d’un berceau,