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LA FORÊT

pidement à des obstacles stupides, et le désir de l’infini est dans leurs regards aveugles.

Je sens cruellement le désir de planer…

Si je pouvais m’envoler, je t’échapperais peut-être, ô l’incarnation de mon Destin,

Et, si j’osais t’aimer, je te tuerais, selon le désir de la forêt nocturne qui t’ensevelirait sous les feuilles et sous les branches.

J’étoufferais ton râle de mes baisers… Ah ! ton râle dans la nuit !… Je t’étoufferais avec des étreintes et des caresses, et tu mourrais de mes lèvres…

Car je suis l’Amant qui ne peut aimer sans haïr et dont la convoitise est faite d’amertume et de mélancolie.

Et toi, tu es la Mauvaise Maîtresse qui exaspère les fièvres et qui avive le mal.

Ne sens-tu pas le danger autour de toi ?

L’odeur de la Mort est dans l’air et m’enivre étrangement…

Oh ! comme la voix des hiboux est sinistre !…

— La Lune rit, la Lune rit…