— Tu parles comme si tu allais mourir, Joan. Tu es ennuyeuse et stupide.
— C’est drôle de voir combien on est seul lorsqu’on va mourir… On doit avoir très froid… Je ne me suis jamais occupée de tout cela avant ce soir. On doit être si affreusement seul quand on s’en va Là-Bas ! Crois-tu qu’on rencontre quelqu’un sur le chemin, d’autres âmes qui sont parties en même temps que vous ?
— Tais-toi donc.
— Et puis on doit être très nu. Pas de chair, pas d’os. Une masse sans forme et sans contours. On doit flotter, comme un nuage. Ce doit être fort désagréable. Et on n’a plus de nom. On n’est plus Joan, la tueuse de tigres et la femme du Forest Devil. On n’est même pas quelqu’un. On est quelque chose. On erre, comme ça, dans le vague. On voudrait être quelqu’un, redevenir quelqu’un, s’appeler d’un